2021 – Jean-Michel SAUVAGE “pose le sac”

Président du CHAR

Ce que j’ai donné à la radio, qui me l’a rendu au centuple

Depuis octobre 1969, je suis impliqué dans l’information (reporter photo/cinéma aux quatre coins du Monde : Afrique, Aie, USA; rédacteur en chef adjoint de “Sonovision” puis de “AVCD”, “Hebdo Formation”, “Video/communication”; pigiste aux “Echos”, “Nouvel économiste”, “Nouvelles littéraires”, etc), la communication (création et/ou direction et/ou commissariat général de divers salons et colloques consacrés aux médias, notamment auprès de Bernard Chevry, au sein du Midem, MIP-TV, MipCom), le management de médias écrits et audiovisuels, l’enseignement supérieur (en universités : Paris1 Sorbonne, Paeis 4 Celsa, Paris 13-ISTECO ; et grandes écoles : Celsa, ESRA, EFAP, Cifacom) et  la formation professionnelle (en tant que créateur d’entreprises dédiées, formateur, directeur de centre), toutes activités dédiées aux métiers des médias et de la communication. Parallèlement, je me suis rapidement engagé dans l’action militante socio-professionnelle, d’abord comme salarié, puis comme employeur.

Aujourd’hui, après plus de 50 ans d’implication dans les divers univers médiatiques (écrit, audiovisuel, numérique) et au terme de plusieurs atermoiements, définitivement je “pose le sac” et vais accéder à une vie plus calme, avant que d’attendre sereinement l’issue fatale, à laquelle nous sommes tous destinés à être inéluctablement exposés.

Dans cet engagement professionnel, il est un univers qui m’aura été -et est encore- particulièrement cher : la radio.

Ce fut ma compagne –souvent de jour comme de nuit- et ce, dès l’âge de 5 ans, dans les années 50, grâce, jadis, à l’écoute, auprès de ma mère, de Radio Luxembourg, Paris-Inter (qui précéda France 1 puis France Inter),  Europe (n°)1, puis, plus tard,  France Culture, France Musique.

Souvenir ému d’émissions telles que, dans le désordre, “Le passe-temps des dames et demoiselles”, “Les nuits du bout du monde” de Stéphane Pisella, (ami de mon père), “Dans les mailles de l’inspecteur Vitos”, “Cent francs par seconde’’, “Quitte ou double”, “Vas-z’y Zappy”, ”Le tribunal”, “42, rue Courte”, “Signé Furax”,  “Vous êtes formidables” et tant d’autres !

Plus tard, alors que j’avais terminé une partie de mes études supérieures et que je commençais à développer une vie professionnelle dans les médias et les manifestations associées, j’ai eu la chance de pouvoir “piger” quelque temps au sein du service public (merci à Francis Crémieux et Jean De Beer, sur France Culture; et à José Arthur, sur France Inter). Puis j’ai découvert que l’on pouvait faire de la radio autrement, de façon plus “libre”… et plus brouillonne ! Ce fut alors ma –très brève- phase… délinquante ! Car la règle était alors le monopole de l’Etat sur la radio-télévision (ou le statut de stations périphériques, avec pylônes d’émission hors du territoire français mais à proximité immédiate des frontières !).

Dans le cadre des Rencontres internationales des Rives de l’Etang de Berre (1977 à 1979), sous la direction de mes amis Jean-Claude Quiniou et Ghyslaine Azémard, nous avons alors accueilli nombre d’acteurs et actrices de la libération des ondes au Québec, aux Etats-Unis, en Angleterre, Belgique, France et, surtout, en Italie (fin du monopole d’Etat en 1976, déclaré anticonstitutionnel). Et nous y avions également organisé un atelier de construction de petits émetteurs pirates, avec émissions sur la région provençale !

Mes activités ”institutionnelles” d’après 1981 (au sein de la Mission interministérielle pour les nouvelles télévisons, notamment par câble, en tant que conseiller auprès du président Bernard Schreiner), ainsi que l’abandon dudit monopole de l’Etat par le nouveau pouvoir politique en place,  m’ont amené à m’impliquer dans le nouveau paysage audiovisuel et, notamment, à créer ou co-fonder ou reprendre et diriger, au fil des années, diverses radios locales, les unes associatives, les autres commerciales indépendantes : Mantes FM, Val FM (devenue Radio Cristal), Radio Crau Alpilles (en PACA), Magic Radio (dans ma “patrie” ardennaise), Latitude (à Troyes) dont j’assure toujours la présidence avec l’appui de mes –jeunes- camarades Olivier Briguet, Sylvain Knidler et Stéphane Liger.

Par ailleurs, j’ai participé, en 1985-1987, au développement –trop vite interrompu- de Pacific FM, en tant que directeur du réseau des stations affiliées (aux côtés de Claude Villers, Marc Pallain et Kamel Benyahia). Des vicissitudes financières feront que Pacific FM sera repris par NRJ (qui développera ainsi Chérie FM).

Bien plus tard, en septembre 2004, ce fut, à l’instigation d’Anne Voileau (récemment disparue) et de Jacques Loyseau, la création de Vivre FM, la radio des différences, à Paris, Lyon et Nantes (en FM et Dab+), inaugurée par Dominique Baudis, alors président du CSA/Conseil supérieur de l’audiovisuel. J’en fus d’abord le rédacteur du dossier de candidature, puis le secrétaire général,  le président et (jusqu’à ce jour) le vice-président du directoire, après la reprise par la Fondation OVE (fortement investie dans le secteur médico-social) à l’initiative de deux de ses dirigeants, Michel Enet et Christian Berthuy.

J’ai, d’autre part, dirigé le développement de deux banques de programmes, au service des radios locales, associatives ou commerciales indépendantes : tout d’abord la SER (1989-1991) dont j’étais l’un des associés, puis BBC Infos (1992-1996; devenue ensuite Sophia, après cession à Radio France, négociation que j’ai menée au nom du BBC World Service). Ces prestataires furent leaders à leur époque et semblent être restés dans la mémoire de nombre de dirigeants de stations locales ou régionales (ils m’en parlent régulièrement).

Parallèlement à cette activité “opérationnelle”, j’ai créé, à la suite de “INF TV”, la lettre hebdomadaire professionnelle “INF Radio” (parution de 1986 à 2003). J’ai également co-fondé (en 1986), l’organisation professionnelle SNRP/syndicat national des radios privées (devenu le SNRC) que j’ai présidé durant 3 années. J’ai poursuivi cette implication socio-professionnelle jusqu’à aujourd’hui. D’abord au sein de la CNRA/Confédération nationale des radios associatives (administrateur de 2003 à2006) et de la FRAdIF/fédération des radios associatives d’Ile-de-france , que j’ai co-fondée en 2005 et présidée, puis vice- et co-présidée jusqu’à ce jour. J’ai ensuite participé à la fondation du SNRL/Syndicat national des radios libres (aux côtés, notamment d’Emmanuel Boutterin et de Gilbert Andruccioli), dont je fus membre du bureau et délégué national aux affaires sociales (2007-2014). Puis j’ai été appelé par le président du SIRTI/Syndicat interprofessionnel des radios indépendantes, afin de prendre en charge, à ses côtés, les importants dossiers sociaux de l’époque : santé/prévoyance, temps partiel, évolution des salaires, égalité femmes/hommes, intermittence, etc. (2014-2017). Ces engagements successifs ont généré mon implication dans les diverses institutions sociales des professions du spectacle vivant et enregistré en tant qu’administrateur : FESAC /Fédération des entreprises du spectacle, Audiens (santé, prévoyance, retraite), AFDAS (financement de la formation), Caisse des congés spectacles (intermittents), CPNEF AV /Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation dans les métiers de l’audiovisuel; CNPS/Conseil national des professions du spectacle, présidé par le ministre de la culture/communication, etc.

Autre territoire d’implication : l’organisation d’évènements professionnels dédiés à la radio (ainsi qu’à la télévision). Le chantier le plus passionnant fut, sans nul doute, la co-organisation, en octobre 1991, en tant que commissaire général du salon, de l’évènement “Vive la Radio /10 ans de FM”, au CNIT de La Défense. J’ai pu y faire venir et y accueillir, en inauguration, François Mitterrand, Président de la République (et initiateur de l’abandon du monopole d’Etat sur l’audiovisuel, en octobre 1981). J’espère d’ailleurs connaitre, en simple spectateur cette fois, une prochaine cérémonie, à l’automne 2021, à fin de célébrer les 100 ans de la Radio en France et les 40 ans de la première loi de libéralisation des ondes.

Par la suite, j’ai co-fondé, en 1995, et présidé le SIR / Salon international de la Radio, jusqu’en 2002, avec ses exposants, ses débats et ses inaugurations par les ministre de la communication (Catherine Trautmann) ou président du CSA (Dominique Baudis) de l’époque. Devant m’impliquer davantage dans une nouvelle et importante société, Cifap –cf ci-après-, Maurice Chapot, qui avait collaboré à cette aventure du SIR, lancera, lui, en 2003, le RADIO (au sein du SIEL), que son fils Philippe, devenu son principal collaborateur, reprendra pour en faire l’actuel Salon de la Radio, de très belle facture, plus internationale (auquel s’est ajoutée ‘La Lettre Pro de la Radio”, publication de référence, et divers évènements connexes).

A signaler, également, mon engagement dans la sympathique action de “30 ans de radio libre”, en 2011, à l’université de Paris-Diderot, sous l’égide du GRER/Groupe de recherche et d’études de la Radio (salut fraternel à son principal initiateur, Jean-Jacques Cheval), avec l’appui de la FRAdIF (en compagnie, notamment, de Jean-Claude Guillou) et dont je fus l’une des chevilles ouvrières. J’y fis venir l’invitée vedette, Michèle Cotta, présidente de la première autorité de régulation audiovisuelle, la HACA, de 1982 à 1986 (également à l’affiche, une exposition intéressante de Joëlle Girard sur les premiers acteurs des radios pirates devenues libres).

En outre (désolé d’être si long; mais je re-découvre, par la rédaction de ce présent message, mes diverses implications radiophoniques de ces 45 années écoulées !), passionné par l’enseignement et la formation permanente, j’ai créé et animé plusieurs formations et enseignements dédiés à la radio. Ainsi, en 1995, via ma structure de conseil ValCom/Médiacom, j’ai lancé plusieurs cycles de formation des professionnels de l’animation,  la production, la technique et de la communication radiophoniques. Activités que j’ai, en large part, basculées au sein du Cifap, centre de formation que nous avons lancé à plusieurs en 1998, à l’initiative du réalisateur de télévision Jérôme Kanapa, du producteur de disques Marc-François Mignot-Mahon et du dessinateur Denis Chomel. J’ai notamment développé un programme de formation radio multi-métiers, avec l’expertise de la CNRA, à destination des stations associatives, sur financement Afdas, Union européenne et Régions. Cifap fut également l’opportunité d’actions pédagogiques/radio dans les départements d’outre-mer (Réunion, Martinique, Guadeloupe), ainsi qu’en Algérie, Maroc, Ghana, etc.

Dans une même perspective pédagogique, j’ai pu co-rédiger, avec Rémy Jounin –grand “pro” de la radio, notamment à RTL- l’ouvrage “Animer une radio” (Cifap et Dixit Editeurs). Rémy, d’ailleurs, fut également présent dans les aventures “INF Radio” et Vivre FM. Il fut également formateur principal, durant quelques années, sur les stages radio de Cifap (Kamel Benyahia ayant pris ensuite sa succession).

Au sein, cette fois, de la CPNEF AV, j’ai activement participé à la mise en place d’un  CQP/certificat de qualification professionnelle –titre reconnu par l’Etat- en animation radio, très prisé dans la profession (l’INA en étant l’opérateur pédagogique et donc le premier acteur de l’excellence de cette formation).

Par ailleurs, j’ai dirigé, durant de nombreuses années (jusqu’en 2018), un séminaire d’économie et de droit de la radio, à l’ESRA, dans le cadre de la préparation au diplôme visé par l’Etat, le DESRA/son (avec création d’une station interne, Esradio !). Il faut dire que j’ai été très tôt –1974- et très longtemps impliqué dans l’enseignement supérieur : à l’ISTECO/Université Paris 13, au Celsa/Univ. Paris 4, puis au CRIC/Univ. Paris 1-Sorbonne; ’à l’EFAP-Communication; et, donc, dans plusieurs filières pédagogiques des écoles ESRA (dont j’assure le secrétariat général du conseil de perfectionnement, en tant que conseiller du Président de cet établissement d’enseignement supérieur privé).

Enfin, je me suis impliqué auprès d’un Pays et d’un Peuple qui me sont chers : le Maroc et les Marocain-e-s. Mes parents y ont longtemps vécu et mon frère ainé y est né. Dès les années 70/80 j’y ai donc mené quelques missions dans le domaine de l’éducation. Par la suite, évidemment, la Radio fut mon principal sujet d’interventions. Notamment lors de la préparation de la loi relative à l’ouverture de la radio à l’initiative privée commerciale (pensée par l’ancien ministre Nabil Benabdallah). Puis : projet de Radio Aziza; actions de formation professionnelle des animateurs (via Cifap et Val Com). Et, surtout, actions de réflexions/débats auprès de l’association e-Joussour, aux côtés de mes amis Mohamed Leghtas et Imane Bounjara, en compagnie notamment d’Emmanuel Boutterin et du directeur général de la HACA (CSA marocain), Jamal Edine Nagi. L’objet : faire évoluer le cadre légal marocain, afin de faciliter l’émergence de radios communautaires, à vocation d’émancipation sociale et culturelle.

Un échec, amer : le CHR / Comité d’histoire de la Radio. Membre intermittent depuis les années 80 (sur invitation du président, René Duval, et de son secrétaire, Robert Prot, dont le “Dictionnaire de la Radio” m’avait fait une place sympathique en ses pages), j’y suis revenu en 2016 grâce à sa présidente d’alors, Jocelyne Tournet-Lammer (ancienne assistante de Pierre Schaeffer, que j’avais côtoyé à la fin des années 70, pour la gestion de ses archives), qui me fit entrer au conseil d’administration. A la suite d’une “longue maladie” et de son pénible décès, il y eut une tentative de réflexion collective pour une évolution du fonctionnement du Comité. Je fis, en compagnie de quatre camarades, des propositions détaillées de contenus (pour les “Cahiers”), d’évènements (bientôt les 100 ans de la Radio en France et les 40 ans de l’abandon du monopole d’Etat), de financements et d’élargissement de la collectivité des adhérents (notamment par le vivier des professionnels, anciens et actuels, et des chercheurs; une cinquantaine d’amis et collègues répondit “présent-e”). Mais les “anciens” décidèrent en catimini le sabordage, sans véritable respect des règles de droit et de démocratie associative. Je n’ai pas insisté. Peut-être y aura-t’il un sursaut, un jour…

Néanmoins, il y a eu un sursaut début janvier dernier : Alain Léger, Laurent Marsick, Jean-Luc Favre, Sébastien Poulain et moi, rejoints par Rémy Jounin, ainsi que 170 soutiens (dont certains très actifs), nous avons lancé le CHAR, Collège d’histoire et d’analyse de la radiodiffusion.. Une nouvelle aventure vient ainsi de commencer ![Voilà donc ce que fut mon implication dans l’univers de la radio. Et ce, parallèlement à mon investissement dans le secteur de la télévision, de 1975, -notamment auprès de Jean d’Arcy et de l’IIC/ International Institute of Communications—, en passant par le développement de la télévision par câble puis par satellite et jusqu’à nos jours, via le SNTP, que j’ai co-fondé et présidé de 1986 à 2016, devenu le SyNTIP/Syndicat national des télévisions indépendantes privées, dont je quitte l’administration déléguée). Aujourd’hui je retourne à l’écoute de mes quelque 9 postes de radio (un dans chaque pièce, plus la voiture !), dans ma campagne yvelinoise, auxquels s’ajoute une quinzaine de vieux récepteurs (allant de 1930 à 1980). En gardant, quelque temps encore, outre le CHAR,

Voilà donc ce que fut mon implication dans l’univers de la radio. Et ce, parallèlement à mon investissement dans le secteur de la télévision, de 1974, -notamment auprès de Jean d’Arcy et de l’IIC/ International Institute of Communications—, en passant par le développement de la télévision par câble -au sein de la Mission interministérielle TV Câble- puis par satellite et, jusqu’à nos jours, via le SNTP, que j’ai co-fondé et présidé de 1986 à 2016, devenu le SyNTIP/Syndicat national des télévisions indépendantes privées (et dont je quitte l’administration déléguée).

Aujourd’hui je retourne à l’écoute de mes quelque 9 postes  de radio (un dans chaque pièce, plus la voiture !), dans ma campagne yvelinoise, auxquels s’ajoute une quinzaine de vieux récepteurs (allant de 1930 à 1980). En gardant, quelque temps encore, la présidence de Latitude (FM et Dab+, en Champagne) et une présence plus modeste à Vivre FM (et Dab+) sur Paris, Lyon et Nantes. Avec, néanmoins, un nouveau projet, en cours de réalisation : le CHAR /Collège d’histoire et d’analyse de la radiodiffusion !

Je conclurai sur le slogan créé, pour la manifestation “Vive la Radio”, en 1991, par Marcel Bleustein-Blanchet (fondateur/président de Publicis et de Radio Cité) : « Sans la radio, la vie serait muette ».

Ces ondes fécondes ont fortement nourri mon imaginaire, puis m’ont guidé dans mon existence, rapidement devenue …radio-active !

Jean-Michel Sauvage

président, ValCom Conseil, RL Com/ Latitude Radio,
co-président, FRAdIF / Fédération des radios associatives d’Ile-de-France,
vice-président du directoire, ANPHI-Vivre FM,

président, CHAR /Collège d’histoire et d’analyse de la radiodiffusion
administrateur délégué, SyNTIP/ Syndicat national des télévisions indépendantes privées,